des larmes, et son cœur sensible et avide des vraies jouissances ne les trouva que dans l’amour. L’amour fut pour elle ce qu’il doit être, l’occupation et le bonheur de la vie. Madame d’Houdetot recueillit les restes philosophiques d’un hommes estimable, de Saint-Lambert, dont le journalier valait mieux que le talent ; qui n’était froid qu’en poésie et en amour ; agité d’ailleurs de ces passions qui s’emparent de la vie. Il aima les grands ; dès lors il fallut épouser des intérêts divers. Il vécut avec les coryphées de la littérature ; dès lors il fallut prendre parti. Il ne dédaigna pas une tracasserie, et rougissait de paraître s’en occuper ; mais il s’en occupait.
Madame d’Houdetot, vraie, bonne, généreuse, sensible, commença par aimer avec tendresse, et finit par tomber dans l’admiration, sentiment qu’exigeait son philosophe ami. Il ne se contentait pas à moins ; mais on l’estimait au-delà de sa valeur ; on le louait avec profusion : tout cela est quelque chose ; mais il fallut encore un pas, et c’est à ce degré sublime que madame d’Houdetot se monta pour n’en jamais descendre. Elle a admiré pendant vingt ans. Son amant fit son bonheur, ses amis firent sa gloire.