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de briller, de médire, de louer, de déprimer, de décider. Celui de ses penchans qui se manifestait le plus promptement, était cependant le plaisir de louer. Elle voyait avec regret la décadence de la littérature. Une disgrâce sur la scène française lui fit quitter pour jamais la carrière du théâtre ; elle se condamna à ne plus voir des lieux remplis d’injustice, et des acteurs peu serviables. Peu d’auteurs entendent raison sur ce point délicat. Madame de Beauharnais était fondée à se plaindre, puisqu’elle avait été jugée sans être entendue, sans égard pour son sexe et sa réputation. Elle alla visiter les lieux qui jadis virent Tibulle, Ovide, Horace et Virgile. Quand on a vécu avec ces illustres morts, on croit rapprocher l’époque de leur existence en parcourant les lieux qu’ils ont habités ; quand on a passé une grande partie de sa vie dans la retraite paisible, on fuit les révolutions ; et une femme qui ne peut servir sa patrie est-elle blâmable d’aller respirer loin du trouble et des orages.

Madame de Beauharnais fut devancée partout par une réputation dont l’éclat augmente à mesure qu’on s’éloigne de sa patrie. Le plaisir de briller ne gâtait pas chez elle un excellent fonds : ainsi elle apprit qu’il était en France des