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n’aimait point dans une femme ce style précieux, dépourvu de grâce et de naturel ; il haïssait par-dessus toute chose l’emphase et le galimatias : plus d’une fois il s’était exprimé sur le mérite des écrits de madame Necker avec une franchise que cette dame avait prise pour de l’injustice.

Faire de jolis vers et ne pas courir après la réputation, est un phénomène chez les hommes, mais plus encore chez les femmes. Quelque agréable qu’ait été le talent de madame de Beauharnais, sa prose est cependant préférable à ses vers. Il faut avoir le talent de Pope ou de Voltaire pour dire en vers ce qu’on dirait en prose. Le genre de vie de madame de Beauharnais rendit sa société moins piquante que ne le promettait l’agrément de son caractère. Ce n’est pas à causer que sept à huit personnes, qui se connaissent à peine, passeront la nuit. L’homme de lettres finit sa journée de bonne heure ; l’homme du monde fuit les conversations dont l’esprit fait les frais ; et, cette petite singularité, qui n’ajoute rien au bonheur de la vie, est au-dessous d’une femme qui a des droits à un sentiment supérieur à l’estime.

Madame de Beauharnais ne fut jamais pressée