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les voies de l’amour

peut-être suspendue au bras d’un autre jeune homme, fût-il mon meilleur ami, éveilla en moi des sentiments que je n’avais pas encore éprouvés, des idées nouvelles qui allaient me tenailler, me torturer l’esprit. C’était l’amour qui s’éveillait et je ressentais déjà les atteintes de la jalousie avant même d’en avoir connu les feux. Las de voir passer la foule et de ne pas retrouver celle que je cherchais inutilement avec tant d’âpreté, j’allai m’asseoir à l’autre bout de la jetée, près de l’entrée de la grande salle des jeux de hasard, bien au-dessus de la mer. Accoudé à la balustrade, je regardais avec tristesse les danses désordonnées, les gambades, les sauts, les plongeons et les culbutes des baigneurs dans les vagues écumantes. Les cris de joie, d’étonnement, de stupeur ou de peur, s’entremêlant en une cacophonie comique, me déchiraient le cœur. Les centaines d’êtres humains des deux sexes et de tous les âges, qui s’amusaient à qui mieux mieux dans l’onde amère ou sur le sable jaune, me laissaient complètement indifférent, m’affligeaient même. Les modèles vivants, aux brillants costumes, qui se pavanaient sur la plage d’un pas indolent, la tête haute, d’un air suffisant, avec une pose de regardez-moi, me choquaient. C’en était trop ; mon isolement d’un jour dans une foule énorme, me pesait déjà sur l’âme. Je me levai et me dirigeai vers l’hôtel.

« Andrée et Jean Roy arrivaient en même temps que