roulaient incessamment des éclats de tonnerre épouvantables. Dans ce vacarme des éléments déchaînés, il nous semblait être plus en sûreté sur la véranda que dans les chambres de l’hôtel qui craquaient comme le navire dans une mer houleuse ; et puis il nous semblait vivre ces descriptions de la tempête que nous ébauchions dans nos compositions littéraires au collège. C’était enfin le comble des désirs de notre imagination qui souhaitait déjà depuis longtemps éprouver les sensations d’une vraie tempête, voir les flots courroucés s’élever en montagne, se creuser en abîme, voir les ailes traînantes des nuages sombres toucher la cime blanchie des vagues écumantes. Quelle nuit infernale et cependant quel spectacle grandiose !
« Enfin la tempête se calma et ce n’est qu’alors que nous nous décidâmes à rentrer à l’hôtel. Je conduisis Andrée jusqu’à la porte de sa chambre. Je déposai un gros baiser sur la main qu’elle me présentait et je lui dis à mi-voix, croyant n’être pas entendu de mon ami : « demain de bonne heure, j’accompagne mes parents à la ville voisine où quelque affaire pressante les appelle. Nous serons de retour dans l’avant-midi. » Hélas ! mon ami, qui était tout oreille et tout yeux, avait entendu mes paroles et vu le baiser.
« Le lendemain à mon retour, je cherchai ma petite