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les voies de l’amour

vent de ma bourse ; souvent je le tirai de mauvais pas. M’était-il aussi fidèle et sincère qu’il le paraissait ?

« Nous revenions, Andrée et moi, vers l’hôtel après avoir parcouru la plage d’un bout à l’autre pour jouir de ses spectacles amusants. Sous les arches de la jetée qui s’avance dans la mer en une longue promenade, bordée d’un côté par de nombreuses baraques qui abritent une infinité de petits commerces, nous rencontrâmes notre ami Jean Roy. Il venait à peine de descendre du train, qu’il parcourait déjà la plage en dilettante. Amateur passionné de la beauté sous toutes ses formes, il la recherchait partout ; dans la musique qui satisfaisait son esprit et le faisait rêver ; dans la littérature et la poésie qui nourrissaient son âme et l’élevaient à des hauteurs sublimes ; dans la peinture qui récréait ses yeux ; dans la nature, avec ses grands arbres, ses bosquets, sa verdure, ses fleurs, qui lui prouvait la puissance de son créateur ; mais surtout dans la plastique de la femme qui aiguisait l’appétit de ses sens. Les mains derrière le dos, il déambulait lentement à travers les différents groupes de baigneuses tout comme s’il eût été un artiste cherchant quelque type à modeler ou à croquer. Quand il nous aperçut, il poussa un cri de joie et cessa pour un moment de lorgner les jolies sirènes qui s’enfonçaient dans la vague écumante ou qui en sortaient en s’enroulant au-