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les voies de l’amour

temps de notre cléricature, Victor l’était beaucoup moins quand il jetait des bancs entiers dans le gros poêle du Château Ramezay. Et Vincent ne paraît-il pas dormir sur son tisonnier ? Je vois là sur la table un feu qui se consume inutilement à l’intérieur de la bouteille. Qu’en dites-vous ? Ne pensez-vous pas comme moi qu’une bonne rasade de cette liqueur blanche ne nous réchaufferait pas plus que cette cheminée qui aspire toute la chaleur ? » D’un bond cinq amis étaient près de la table et de la dive bouteille, tandis que Baptiste Viau, semblant réfléchir, ne se hâtait pas ; il savait bien qu’après tout, les bons amis lui en laisseraient une goutte qui ne serait pas la moindre ; on le connaissait de vieille date. La liqueur ingurgitée, chacun reprit sa place et les grosses bûches attisées de nouveau répandirent une grande chaleur dans la salle tout emplie de la fumée du bon tabac canadien.

Louis Vincent, le plus bavard et le plus fanfaron, passa son tisonnier à son voisin Pierre Vinet, secoua, sur le talon de sa chaussure, sa vieille pipe pour en vider la cendre ; il la remplit de nouveau à la grande blague taillée dans une vessie de porc, et prit le premier la parole. « Savez-vous, dit-il, ce que me rappellent ces hurlements du vent ? Mon frère et moi, nous venions de recevoir la bonne nouvelle que nous étions admis à l’étude de la médecine après des examens presque bril-