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les voies de l’amour

des framboises ; puis nous en emplissions des petits seaux que nous apportions à la maison pour manger ces beaux fruits frais avec de la crème et du sucre d’érable. Parfois, à travers les prairies en fleurs, nous allions cueillir les marguerites pour en effeuiller les pétales et connaître notre amour mutuel ; puis nous revenions au village avec de gros bouquets composés uniquement de fleurs sauvages. Pendant les récoltes, nous allions souvent dans les champs fraîchement fauchés ; nous nous tressions des couronnes avec les épis dorés du blé ou de l’orge, et nous aidions, comme deux maladroits ou deux distraits, à relever les gerbes couchées. Parfois nous allions nous asseoir au pied d’un orme ou d’un érable, et nous lisions à haute voix et tour à tour quelque pièce de vers ou quelque roman ; parfois nous allions le long du ruisseau faire de grandes marches ou nous asseoir sur quelque pierre tout au bord pour en entendre le murmure en nous reposant. Le soir, quand la température était belle, nous faisions de longues promenades sous les grands arbres, ou dans ma chaloupe nous nous laissions aller au fil de l’eau sur le beau fleuve ; nous contemplions la lune ou les myriades d’étoiles de la voie lactée. Pendant les soirées pluvieuses, nous restions à la maison, soit chez mon père, soit chez les parents de mon Andrée. Nous causions, nous lisions dans le même livre, commentant les pages les plus remplies d’amour ou nous faisions de la