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parents étaient heureux de notre bonheur, heureux de constater notre amitié toujours grandissante.

« Le temps du pensionnat étant arrivé, Andrée fut placée dans un grand couvent à Montréal, et moi j’entrai dans un collège classique de la même ville. Nos adieux furent touchants, et tous les deux nous avons pleuré pendant les embrassements que nos parents nous permirent ce jour-là, comme si jamais nous n’avions pris à la dérobée la liberté de nous embrasser. Nous nous écrivions souvent en cachette des maîtres et des maîtresses. Un intermédiaire charitable, qui ne nous a jamais vendus, nous portait nos billets doux et en retour nous lui donnions les boîtes de chocolats que nos parents nous apportaient. Les années de pensionnat furent les plus longues ; l’ennui était pénible, bien cruel. Les congés ne revenaient pas souvent, nous semblait-il. Les vacances étaient bien courtes.

« Au dortoir du collège, j’avais eu le bonheur de faire placer mon lit près d’une fenêtre d’où j’entrevoyais le toit du couvent où pensionnait ma petite amie. Le soir, je me hâtais de me dévêtir pour m’accouder à la fenêtre. Pour détourner l’attention du maître du dortoir, je prenais un livre dans lequel je feignais d’étudier. Mes lèvres remuaient sans cesse en marmottant des mots qui n’étaient nullement dans mon livre. C’était un monologue que mon cœur et mon âme adressaient à travers