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les voies de l’amour

À cet instant Michel prit la tête de sa fille Andrée entre ses deux mains et déposa sur ses belles joues un peu pâlies ce soir-là, de gros baisers en souvenir de son Andrée disparue.

« Les petits chats enrubannés, continua Michel, grandirent peu à peu. Un matin, ma petite amie, les yeux rougis par les larmes qui avaient coulé abondamment, le cœur gonflé, exhalant de gros soupirs, vint me raconter son gros chagrin. Sa belle chatte était partie furtivement la veille à l’heure du souper et elle n’était pas entrée pour se coucher comme d’habitude dans son panier moelleux. Andrée avait pleuré toute la nuit d’entendre sa chatte au dehors se plaindre comme un enfant qui souffre beaucoup ou qu’on châtie cruellement, et pousser parfois des cris de désespoir ou de rage. Pauvre petite Andrée ! elle aurait bien voulu se lever, descendre, ouvrir la porte et appeler sa chatte ; mais elle avait trop peur ; il faisait si noir et puis l’autre gros chat pouvait bien être enragé.

« De ces souvenirs, de ces scènes de notre enfance qu’une odeur, un regard, un son et que sais-je, me rappellent ou me suggèrent je pourrais faire de grands livres que je relirais sans cesse. Vous en retracer d’autres vous intéresserait moins que moi. Laissez-moi vous dire que, pour la petite Andrée et moi, comme pour les autres enfants, les jours passaient vite, les semaines s’écoulaient