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les voies de l’amour

minée et les flammes des grosses bûches paraissaient s’éteindre pendant que des étincelles pétillantes volaient de toute part, que Michel recueillait avec les pincettes. Louis Vincent attisait sans cesse le feu avec le grand tisonnier, jeu d’enfant qu’il pratiquait machinalement ; et Jean Bruneau se tenait toujours prêt à jeter de nouvelles bûches dans l’âtre ; il aimait beaucoup la chaleur, car il était très frileux. Entendre le vent hurler à travers les fentes de la porte ou des fenêtres lui donnait le frisson et lui faisait appréhender une attaque de pneumonie.

Les trois autres amis, Pierre Vinet, Oscar Labelle et Baptiste Viau, les jambes étendues et les pieds tout près des chenets, fumaient tranquillement leurs vieilles pipes de plâtre bien culottées. Eux aussi aimaient la chaleur comme on l’aime dans l’âge mûr ; c’est si bon et si doux à la campagne le feu qui pétille dans la grande cheminée quand le vent mugit et que la tempête fait rage. Les bonnes flambées ne semblent-elles pas aussi réveiller les doux souvenirs des plus lointaines années, ceux-là mêmes du tout jeune âge quand la grand-mère et le grand-père nous prenaient sur leurs genoux et nous racontaient les vieilles, vieilles histoires de leur temps passé.

Michel Toinon déposa ses pincettes le long de la cheminée et se levant en grelottant ; « Mes amis, dit-il, il me semble que Bruneau est trop parcimonieux du bois qu’il jette dans l’âtre ; il ne le paie pas cependant. Dans le