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les voies de l’amour

n’était qu’en un verre fragile ; que mes lèvres toujours avides la comprimèrent trop fortement, croyant la retenir plus fermement. Hélas ! mon bonheur fut de courte durée parce qu’il avait été plus grand.

« Mes chers amis, n’anticipons pas sur le récit que je pourrais vous faire de ma vie. Il est tard ; vous devez avoir sommeil. Allons nous reposer et demain nous nous réunirons encore autour de la grande cheminée pour reprendre notre entretien. »


Le lendemain quand les amis se levèrent, la tempête apaisée avait accumulé d’énormes bancs de neige dont la blancheur et l’éclat, sous les rayons du soleil presque à son zénith, faisaient penser à un grand manteau d’hermine sur lequel des fées ou des diablotins se seraient amusés à jeter de la poudre de diamant. Le froid était sec, mais le vent était tombé et le fleuve en face charriait de gros glaçons détachés du rivage. Michel Toinon invita ses compagnons à visiter ses dépendances, histoire de se dégourdir les membres et de respirer l’air frais. Il avait aussi une arrière-pensée : faire admirer ses chevaux de race dont son père lui avait légué le goût, et ses belles volailles qu’il aimait tant parce qu’elles lui rappelaient tant de doux souvenirs de sa plus tendre enfance.

Après le dîner, pendant lequel régna la joie la plus délirante entretenue par les histoires les plus abracada-