Page:Cotret - Les voies de l'Amour, 1931.djvu/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.
62
les voies de l’amour

s’évanouira, je l’espère, quand ma chère Andrée aura trouvé le bonheur et une protection assurée dans les bras d’un époux qui l’aimera autant que moi. Mon malheur a été d’autant plus profond et plus accablant que j’en ai été moi-même la cause bien qu’indirectement et involontairement. Oui, mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa. J’ai été étudiant, étudiant sans expérience qui gâche sa vie pour quelques satisfactions passagères ; j’ai été ce jeune chien à qui on a enlevé la laisse et qui court partout, fou de liberté, et ne sait plus retrouver son chenil ou la porte de sa cabane ; oui, j’ai été étudiant et j’ai brisé les liens d’une amitié, d’un amour que je prenais pour des entraves. Hélas ! J’ai manqué aux devoirs sacrés de cet amour que j’ai méconnu, méprisé ; j’ai été parjure à cet amour qui eût fait mon bonheur et le bonheur d’une amie vraiment sincère. Et puis je fus médecin et j’ai manqué à mes devoirs de médecin par négligence, par omission ou par ignorance. Et puis, pendant un certain temps je fus si heureux que je me croyais né pour un bonheur infini, complet, que rien ne pourrait jamais altérer. Mais, hélas ! la catastrophe est arrivée comme le coup de foudre dans un ciel serein et pur. J’ai ouvert les yeux, mais il était trop tard ; le malheur m’accablait, m’écrasait. Depuis lors, seul avec le petit être qui venait de naître, j’ai mené, sans le laisser paraître, une existence pénible. Tout d’abord, je cherchai