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les voies de l’amour

revoir bientôt. Parfois les moins timorées nous invitaient à entrer dans leur modeste logis, quand la soirée n’était pas trop avancée. Hélas ! les mêmes promenades ne se répétaient plus avec les mêmes petites coquettes ou petites chéries d’un soir : l’étudiant était si volage, et les pauvres petites, dans leur crédulité naïve, attendaient longtemps et toujours celui qui ne revenait plus jamais. Et d’un autre côté, combien de fois aussi nous sommes-nous épris d’une folle passion pour la jeune fille de la maîtresse de pension où nous logions. Parfois à l’amour sincère et passionné de la jeune fille, l’étudiant répondait par une amourette. Souvent il y avait amour véritable des deux côtés, mais cet amour ne persistait qu’autant que l’étudiant ne changeait pas de chambre et de pension, et puis l’adage : loin des yeux loin du cœur, devenait vrai ; l’amour tiédissait, se refroidissait pour se réchauffer à nouveau dans une autre passion. J’ai connu des confrères qui ont eu autant de fiancées que de maisons de pension. Était-ce de leur faute ? Comment pouvaient-ils toujours résister aux câlineries de ces petites chattes, au minois si gracieux, toujours à rôder autour d’eux, rentrant inopinément dans leur chambre sous prétexte, d’y apporter une chose oubliée, une serviette, une fleur, un ruban, entamant adroitement une conversation indifférente qui finissait en propos amoureux, en caresses inoffensives, en baisers… »