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les voies de l’amour

Les cinq amis se levèrent et saluèrent profondément la jeune déesse dont l’incarnat des joues s’était transformé en rouge pivoine. « Père, dit-elle, tu me gênes ».

Pierre Vinet levant son verre : « Messieurs, dit-il, à la plus belle jeune fille du plus aimable amphitryon ». Et l’on passa dans la salle à manger où l’on goûta avec délices ce que les doigts magiques de la petite déesse, devenue fée pour quelques heures, avaient confectionné admirablement. Les entrées, les pièces de résistance, les entremets de légumes, les entremets sucrés, les friandises, les desserts, tout était si bien apprêté qu’il n’était nullement nécessaire d’y ajouter aucune sauce piquante ; même sans les vins qui étaient choisis avec la plus grande adresse, l’appétit se sentait aiguisé par le fumet des rôtis, l’arome des bonbons, la vue des pâtisseries et des crèmes alléchantes, l’apparence juteuse des fruits. La table était garnie d’une nappe en broderie sur laquelle couraient des guirlandes de verdure entremêlées de rubans roses. Le surtout et le couvert d’argent brillaient autour des assiettes et des plats en faïence fine, reliquat de l’immense fortune du père de Michel Toinon. Le repas fut long et joyeux. C’était un peu de la jeunesse qui rôdait autour de la table aux souvenirs évoqués. La gaieté d’autrefois semblait effacer les rides que les misères, les tracas et les inquiétudes de la médecine avaient creusées sur les joues des convives encore plus que l’âge.