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les voies de l’amour

ses vieilles bâtisses sont tombées sous les coups de la pioche et du pic démolisseurs. Là s’élèvent aujourd’hui la magnifique gare et le somptueux hôtel Viger.

« Que de souvenirs entassés dans ce coin de terre ! Je ne passe jamais là, je n’entre jamais dans cette gare sans penser aux douceurs de la vie mais surtout à ses vicissitudes et à ses tempêtes. Ma chambre dans la vieille demeure paternelle était située au deuxième et dernier étage. La fenêtre, au soleil levant, donnait sur la rue St-Louis. Un bel orme l’ornait de ses grandes branches. Le matin, les premiers rayons du soleil, se jouant à travers le beau feuillage, pénétraient jusqu’à ma couche. Les hirondelles, que les moineaux batailleurs n’avaient pas encore chassées de notre ville, avaient bâti leur nid dans une petite cabane que j’avais clouée à la lucarne. Le matin quand ma fenêtre était ouverte, ces charmants petits oiseaux venaient manger les miettes que j’y avais mises le soir avant de me coucher. La fenêtre fermée, ils en frappaient les carreaux de leur bec ou de leurs ailes pour me demander leur pâture. Ma chambre, c’était mon paradis. J’y ai passé des heures si douces en compagnie de mes livres favoris ; j’y ai tant lu de romans, de poèmes ; j’y ai ébauché tant de vers et de poésies, fait de si beaux rêves, qu’il me semblait que jamais je n’en pourrais partir. Dans un des coins de cette chambre, j’avais un petit coffre en bois qui renfermait les trésors de mes