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les voies de l’amour

n’allait jamais plus loin qu’une œillade, un signe de tête ou une conversation plaisante. Malheur à celui dont elle avait provoqué la hardiesse, s’il pensait à autre chose ou s’aventurait plus loin ; elle devenait alors timide ou farouche, se sauvait comme une biche effrayée ou faisait une colère bleue, éconduisant avec rudesse le trop entreprenant jeune homme. Un jour, j’accompagnai Maggie à la promenade ; nous traversions la Place d’Armes. Maggie était d’une gaieté folle. Tout à coup elle me touche du bras d’une manière conventionnelle. Je comprends le signe qui indique un flirt. À certaine distance en avant de nous, elle me montre un beau monsieur que nous avions surnommé le dude. Nous dépassons la fontaine au centre du square, et nous rencontrons le dude à quelques pas plus loin. Maggie lui lance une œillade en passant près de lui, et mon dude de retourner la tête tout en marchant de l’avant. Tout à coup flac et un cri ! Nous nous retournons au bruit et au cri : notre dude est tombé dans la fontaine…

« Ah ! que de douces réminiscences surgissent à l’évocation du souvenir de cette voisine, de cette compagne, de cette amie que j’ai plus estimée qu’aimée. Elle aimait éperdument mon frère cadet qui lui rendait amour pour amour. Malheureusement mon frère n’aimait pas les soirées et les danses. Il trouvait plus de plaisir et de charme dans les conversations intimes que dans les