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les voies de l’amour

éloquence persuasive et toujours charmante, car Lamarche était poète, littérateur et orateur. Il avait une voix d’or dont le timbre résonnait agréablement à nos oreilles. Aussi comprenons-nous aujourd’hui ce que cet homme a dû souffrir quand il fut frappé dans ce qu’il avait de plus précieux après sa belle intelligence. Tous le savent, Lamarche fut terrassé par une affection terrible qui le saisit à la gorge. Peut-on imaginer ce qu’a dû être le désespoir de cet homme qui aimait tant à parler et qui parlait si bien.

« Quand nous connûmes le professeur Lamarche, homme de taille moyenne, à l’allure vive, il donnait le cours d’anatomie dans le vieux château Ramezay. L’amphithéâtre d’anatomie, qu’il a fait résonner si souvent des flots de son éloquence primesautière et persuasive, n’était pas très vaste ; les étudiants n’étaient pas nombreux dans ce temps-là, mais beaucoup de médecins de la ville, attirés par l’éloquence du professeur, venaient souvent s’asseoir à nos côtés pour l’entendre. Nous serrions nos rangs, et, dans une attitude et une attention presque religieuses, nous écoutions les leçons qu’auraient enviées les professeurs de Paris. Personne n’a pu oublier les grandes leçons qu’il donnait sur le cerveau. Dans ce chapitre qu’il développait en ses moindres détails, avec un entrain incroyable et une conviction sincère, on voyait poindre le médecin chrétien et honnête