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les voies de l’amour

Quelques phrases, quelques mots, quelques comparaisons rendaient sa pensée claire, lucide, et résumaient parfaitement sa clinique, et nous la gravaient pour toujours dans la mémoire. Aussi aimions-nous suivre et entendre les leçons de Laramée. »


Baptiste Viau, qui paraissait sommeiller dans son grand fauteuil, les jambes bien étendues et les pieds tout près des grosses bûches flambantes, se leva tout à coup comme un ressort qui se détend. Il s’étira les bras, se secoua les jambes et s’ouvrant convulsivement la bouche pour lancer un énorme bâillement, il s’approcha de la dive bouteille où dormait encore un reste de contenu ambré qu’il versa dans un verre. « Ah ! le Jolly Good Fellow ! dit-il, s’il était encore vivant, je partagerais bien volontiers mon verre avec lui, et je boirais gaiement aux bons souvenirs qu’il nous a laissés à tous. Lui, c’était le bon zigue, le vrai compagnon des carabins, leur camarade sincère et dévoué, leur conseiller le plus écouté. Lui, nous l’aurions suivi partout et même, si j’ai bonne souvenance, nous l’avons quelquefois accompagné ou plutôt c’est lui qui nous a accompagnés au Salon de l’Aurore ; mais alors ce n’était plus à la « Bisaillon ». Vous devinez, n’est-ce pas, à la santé de qui je boirais s’il était encore de ce monde. Si j’étais poète, si j’étais chantre, je lui aurais composé des