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les voies de l’amour

En arrivant près de la table nous nous arrêtâmes brusquement devant le tableau le plus saisissant, le plus émouvant que j’aie jamais vu. Andrée, mon Andrée adorable, la tête appuyée sur son bras replié sur la table, dormait d’un sommeil profond et elle souriait comme dans un rêve charmant. D’une main elle tenait un morceau de broderie ; de l’autre, une aiguille enfilée d’un brin de soie blanche. Sur la table à quelques pouces de sa tête dorée, elle avait aligné symétriquement une paire de petites chaussettes blanches comme de la neige, des petites chemises de toile fine et une longue robe d’enfant toute brodée. Nous restâmes longtemps en contemplation devant ce tableau tout resplendissant de vie future. Oh ! comme elle était belle dans son sommeil, mon Andrée ! comme son sourire me promettait d’espoirs ! et comme ces petits objets de toilette enfantine me réjouissaient le cœur !

« Tout à coup, le vent siffla avec rage, en poussant des paquets de neige contre les vitres qui résonnèrent avec un bruit éclatant. Andrée s’éveilla en sursaut. En m’apercevant avec mon ami Louis, elle rougit et étendit ses deux mains pour ramasser ces menus objets révélateurs de son secret. Plus prompt qu’elle, je saisis, de mes deux mains encore froides, ses deux mains blanches et fines avant qu’elles ne pussent atteindre, pour les cacher, ces petits vêtements de bonheur et d’avenir. Je