Page:Cotret - Les voies de l'Amour, 1931.djvu/300

Cette page a été validée par deux contributeurs.
298
les voies de l’amour

« Sincèrement chrétienne et dévote, mon Andrée suppliait constamment le ciel de bénir notre union par la récompense promise aux élus de la terre : « Croissez et multipliez-vous ! » Elle priait ; elle multipliait ses pèlerinages aux sanctuaires où les mères chrétiennes vont s’agenouiller dévotement pour obtenir la réalisation de leur rêve. Dans toute notre atmosphère de calme et de félicité, nous désirions un lien qui resserrât davantage, si c’était possible, notre amitié et notre amour. Nous avions un idéal sublime : nous pencher tous les deux ensemble au-dessus d’un berceau pour sourire au bébé qui nous tendrait ses petits bras. Hélas ! le rêve était trop beau ; il ne se réalisait pas. Tout près de cinq ans que nous étions mariés et jamais encore nous n’avions vu la cigogne voltiger au-dessus de notre demeure. Cependant tous les soirs nous lui préparions un nid bien ouaté, bien chaud pour l’attirer ; et tous les matins au réveil, nous nous imaginions l’avoir vue s’envoler du nid après y avoir déposé un bébé tout joufflu, tout rose. Hélas ! ce n’était qu’un rêve ; la cigogne n’était pas venue, et nous étions malheureux dans notre bonheur même.

« Un jour j’avais appelé Louis Vincent en consultation pour aller au loin auprès d’une malade. Tu t’en souviens, n’est-ce pas, Louis ? c’était en hiver. Durant l’après-midi, la neige commença de tomber à gros flocons ; puis dans la soirée, le vent souffla en bourrasques, pous-