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les voies de l’amour

rappelez aussi comme parfois je m’attristais et que je paraissais jaloux d’un bonheur dont j’étais privé et que certains d’entre vous possédaient, entre autres Louis Vincent, Oscar Labelle et Jean Bruneau à qui j’exprimais souvent mes sentiments de jalousie. C’était là la seule ombre, et combien grande je la trouvais, dans le bonheur et la vie heureuse que me procurait mon union avec Andrée. Je n’enviais pas vos succès dans la pratique de la médecine, car le sort m’avait peut-être plus favorisé que vous sous ce rapport. Je jouissais de la plus belle pratique qu’un médecin de la campagne puisse désirer. Je n’enviais pas votre santé parce que j’étais peut-être plus vigoureux que vous tous. L’air des champs, le parfum des fleurs, des foins coupés, des moissons fauchées me valaient plus que votre air confiné des villes. Je jouissais des plaisirs et des agréments de la campagne, car, en même temps que médecin, j’étais devenu gentilhomme-fermier. J’avais des fermes dont je surveillais la culture et l’automne me comblait de bonheur quand je voyais mes granges se remplir jusqu’au faîte. J’étais horticulteur et mes jardins conservaient toujours les fleurs les plus rares pour en faire hommage à mon Andrée. Le souvenir de ma jeunesse pendant laquelle j’aimais tant cueillir les fleurs pour en faire des bouquets à ma petite amie m’était resté vivace. J’étais éleveur et mes écuries regorgeaient de chevaux et de bestiaux de prix ;