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les voies de l’amour

vrai qui soupire vers le bonheur infini, félicité des amants, suprême récompense de la vraie fidélité. Moi aussi je soupirais depuis longtemps après ce jour bienheureux. Ô ! mon Andrée, lui dis-je, rentrons ; la brise tiédit. Oh ! viens, viens et demain…

« Elle emportait les plus belles feuilles. Ô ! mon Michel, répétait-elle ; dis, veux-tu, avant que les beaux érables soient tout dépouillés de leurs feuilles d’or et de cuivre rouge, nous serons unis et nous irons comme la barque qui s’en va là-bas sur l’onde reflétant l’image du ciel.

« Le lendemain à l’aurore, je partais pour Montréal. J’avais hâte de revoir mon ami Jean Roy que j’avais placé dans une maison de santé. Je l’avais revu souvent depuis qu’il avait accepté volontairement ma proposition de son internement jusqu’à sa guérison complète. Malgré toute sa frivolité apparente, Jean avait toujours eu une volonté de fer ; quand il voulait une chose, il la voulait coûte que coûte. J’en avais eu une preuve évidente, dans cette idée persistante qui lui dura quatre années : conquérir l’amour d’Andrée et obtenir sa main comme vengeance de l’affront qu’elle lui a fait de ne pas céder à ses caresses. Pendant quatre ans, sa ténacité inventera toutes les machinations les plus indignes pour atteindre son but. Il mentira ; il trahira l’amitié ; il se jouera de