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les voies de l’amour

conduit au plus triste désespoir. Il se livra aux plus grands excès, à toutes espèces d’abus, abus de l’amour charnel, abus des boissons enivrantes, abus de la morphine et de la cocaïne. De degré en degré, il descendit jusqu’aux bas-fonds de la turpitude, de l’abrutissement, de la ruine physique et morale. Il devint méconnaissable en peu d’années ; il ressembla bien vite à un vieillard que la misère a rongé. Vous qui l’avez tant aimé, vous ne le reconnaîtriez même pas si le hasard le jetait sur votre chemin.

« Maintenant, jeune homme, donnez-moi votre autre main que j’en lise les lignes de l’avenir. » Malgré toute sa bravoure, le jeune médecin n’était plus aussi rassuré. Le passé lui était dit avec tant de vérité qu’il craignait d’apprendre trop tôt de ce sorcier les malheurs et les misères de l’avenir. L’avenir ! on aime mieux en espérer les joies, s’en faire des illusions et se bercer dans les chances de succès et de gloriole qu’une belle position dans le monde promet infailliblement. Les malheurs de l’avenir nous sont connus assez tôt. La main du jeune médecin tremblait. Le sorcier l’écrasa presque entre ses doigts visqueux qui donnèrent au jeune médecin la sensation des anneaux d’une vipère sortie d’immondices. Forcé de se ressaisir, il écouta avec crainte la voix chevrotante du bohémien : vous rencontrerez, disait-il, votre ami. Votre grande pitié souffrira de ses malheurs. Vous