Page:Cotret - Les voies de l'Amour, 1931.djvu/278

Cette page a été validée par deux contributeurs.
276
les voies de l’amour

ménagea pas plus ses visites à ses petits malades et ses entretiens avec la jeune fille remplissant l’office d’infirmière. L’amour était né et les fréquentations continuaient après la guérison des enfants. Les fiançailles avaient bientôt scellé leur amour et le mariage devait suivre en peu de temps.

« Un soir, le jeune médecin, fatigué d’une journée trop bien remplie, se reposait dans son bureau en fumant sa grosse pipe. Il prenait plaisir à voir monter les volutes grises et à compter les cercles bleuâtres qui s’échappaient de sa bouche à chaque bouffée, lorsque le timbre de la porte le tira de sa rêverie. Il ouvrait à un vieux bohémien déguenillé, malpropre, à la barbe et aux cheveux embroussaillés, à la mine rébarbative. Le jeune médecin était brave, vigoureux et il n’eut aucune crainte de faire entrer l’affreux bohémien qui s’affala dans le grand fauteuil que le jeune médecin lui poussait. « Donnez-moi, dit-il sans préambule, un verre de lait, une croûte de pain et montrez-moi votre main, je suis chiromancien, je vais vous rappeler votre passé et vous prédire l’avenir ». Le contraste était effrayant entre la main crasseuse, aux ongles longs et noirs du bohémien et la paume blanche et rose du jeune médecin.

« Jeune homme, dit le bohémien, vous êtes très amoureux, très changeant et très frivole. Si vous aviez rencontré plus de jeunes filles, vous en auriez trompé encore