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les voies de l’amour

toujours. Quand je te voyais, je souffrais tous les tourments du plus épouvantable martyre. Ma blessure au cœur s’agrandissait et saignait plus abondamment. Il me semblait qu’un fer rouge en avivait davantage la douleur cuisante. Mais je voulais te voir quand même, dût mon cœur en éclater, en être consumé entièrement. Ne plus te voir, c’était aussi tellement souffrir, ne plus vivre, et je voulais cependant vivre encore et te voir et souffrir encore plus, car, comme on l’a si bien dit, souffrir par ce qu’on aime, n’est-ce pas encore du bonheur ? Et ce bonheur me venait par toi.


« Une brise fraîche de l’ouest venait, qui chassait devant elle les vagues de chaleur, et, bien loin vers l’horizon, les nuages sombres qui allaient s’écouler en une pluie fine où apparaissaient toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Je promenai Andrée à travers les allées du jardin où les fleurs rafraîchies relevaient la tête et exhalaient, par tous les pores de leur corolle, les mille parfums que la chaleur y avait concentrés pendant quelques heures. Andrée s’endormit comme un enfant qu’on berce et je la promenai pendant tout son sommeil… Elle s’éveillait au chant des oiseaux, joyeuse, toute réconfortée. Elle demandait encore comme toujours des fleurs, ses fleurs chéries, pour en composer comme autrefois des bouquets symboliques. Je retrouvais ma petite