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les voies de l’amour

soupirs, vu couler mes larmes et pesé le poids de ma souffrance, tu aurais su combien je t’aimais toujours et comme tu remplissais toutes les pensées et les rêves de mes nuits. Oh ! mon Michel, j’ai même aimé mes pleurs, mes soupirs, mes larmes, ma souffrance, parce qu’ils m’ont fait t’aimer davantage. Comprends-tu maintenant mon amour de toujours ?

« L’attente du bonheur de te voir seulement était si forte, si poignante qu’elle confinait à la douleur, à la souffrance ; mais c’était une souffrance que je chérissais, que j’entretenais parce qu’elle me venait à la pensée de revoir mon Michel que je n’avais jamais cessé d’aimer ; parce qu’elle me venait de toi, qu’elle émanait de l’être qui seul existait pour moi, bien qu’il ne pensât plus à moi, qu’il n’aimât plus me voir. Quand je te voyais, je t’aimais tellement qu’il me semblait que l’influx qui se dégageait de mon cœur, de mon âme, remplissait tellement ta pensée que tu employais toutes les forces, toutes les énergies de ton âme pour me revenir, mais que malheureusement tous les liens, toutes les chaines dont Lucille avait entouré ton cœur résistaient à tous tes efforts. Et se fussent-ils brisés, Lucille, l’impitoyable cerbère était toujours là, avec son magnétisme tout-puissant, pour en souder les maillons détachés. Ah ! comme je souffrais avant de te revoir, et comme je souffrais plus en revoyant tes yeux qui me fuyaient