t’aurais peut-être moins aimé, moins désiré si le cœur de cette jeune fille n’eût pas existé dans ton amour. Mes chagrins ont grandi mon amour, l’ont développé et en ont fait cette passion qui me tuerait si son objet disparaissait. Vois-tu, mon Michel, comme je t’ai aimé, comme je t’aime ? Maintenant que je t’ai fait ma confession, me pardonnes-tu, mon bon Michel ? Me pardonnes-tu cette faute que je n’ai pas commise par amour pour toi ? Me pardonnes-tu tout le mal que j’ai pensé et dit de ton ami ? Oh ! pardonne-moi comme je lui ai pardonné. N’eût-il pas existé, cet ami, peut-être m’aurais-tu moins chérie ? Je l’aime presque, et, si jamais je le revois, je le remercierai du plus profond de mon cœur, et je ne refuserais plus de lui donner un baiser, mais en ta présence. »
« La pauvre petite Andrée, fatiguée, épuisée, pleurait à chaudes larmes. Je la laissai pleurer sans chercher à la consoler. C’était la détente des nerfs. Les larmes, chez la femme à certains moments, sont si bonnes, si adoucissantes, si calmantes qu’il ne faut pas en tarir la source, car c’est la crise qui précède la paix de l’âme et du cœur. Quoiqu’on en ait dit, ces larmes-là sont d’or, et il faut les laisser couler abondamment, jusqu’à la dernière goutte qui tombe comme un diamant. Qu’avais-je à lui pardonner ? De m’avoir trop aimé ? Mais était-ce là un crime, une faute grave ? N’était-ce pas à moi à me