Page:Cotret - Les voies de l'Amour, 1931.djvu/269

Cette page a été validée par deux contributeurs.
267
les voies de l’amour

ribles, ni les chaleurs torrides, ni les morçures des serpents, ni la dent des fauves ; qui vont à travers la brousse, escaladent les montagnes élevées, frôlent les précipices, traversent les torrents. Que leur importent les fatigues, les misères, les dangers. Rien ne les effraye. Ils n’ont qu’un but et ils l’atteindront coûte que coûte ; l’or, le diamant, l’eldorado. Quand je touchais la main de Jean, j’en avais la chair-de-poule et une répugnance effroyable, comme si j’avais touché la peau visqueuse d’une bête venimeuse. Quand j’étais près de lui, il me semblait que je frôlais la cage ouverte d’un fauve, d’une bête féroce. Quand je lui souriais, je sentais une morçure au cœur, la douleur atroce d’un coup de poignard empoisonné. Cependant tous ces dangers m’importaient peu, car j’étais inoculé contre ses piqûres. Comme le dompteur des fauves, j’avais toujours un fouet et une pique à la main ; j’étais toujours sur mes gardes, prête à cingler ou à transpercer. Rien ne m’aurait fait trébucher ou dévier de ma route, car je te voulais et ne voulais que toi, mon trésor, mon eldorado. J’avais confiance au dieu de l’amour qui me protégerait contre les griffes et les dents auxquelles je paraissais m’exposer. Jean ne m’aurait pas touchée, ne m’aurait pas offensée sans que je t’appelasse à mon secours ; et tu n’aurais pas refusé, malgré l’oubli que tu avais pour moi, malgré l’amour que tu ressentais pour Lucille, d’accourir près de moi pour me défendre