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les voies de l’amour

t’ai-je pas tout avoué ? Ce n’était pas la pitié qui m’imposait le silence. Oh ! non ; c’était la honte, la honte d’une faute que je n’avais pas même commise, la honte de te déclarer la faute de ton ami que tu croyais sincère. Je feignis de lui pardonner à cause de toi. Comprends-tu maintenant, Michel, pourquoi il s’éloigna de nous pendant le reste des vacances ? Plus tard, quand il t’écrivit pour t’annoncer que vous logeriez ensemble pendant votre cléricature, j’aurais dû te mettre au courant de sa perfidie. Mais toujours la même honte me retenait comme si j’avais été coupable moi-même.

« Pendant les quatre années de vos études, ne nous a-t-il pas toujours menti à l’un et à l’autre ? N’a-t-il pas intercepté très fréquemment nos lettres ? Je l’ai toujours soupçonné. Ne lui confiais-tu jamais les lettres que tu m’écrivais pour qu’il les mît dans la boîte aux lettres ? et mes lettres ne lui passaient-elles jamais entre les mains avant de t’arriver. Michel, celui qui pouvait tromper ton amitié aussi bassement qu’il l’avait fait une première fois était capable de toutes les vilenies. La première année de ton séjour à Montréal, je n’ai jamais cessé de t’écrire à peu près tous les jours, même quand tu cessas ou à peu près de me répondre, me reprochant mon infidélité, dans tes rares missives en des termes qui ne cadraient pas avec ta délicatesse de sentiments et ta bonne éducation. Dans tes lettres, il y avait des choses