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les voies de l’amour

les anneaux d’une chaîne d’or sans fin. Mon cœur saigne encore parfois et j’en croyais les plaies guéries sans cicatrices ; des fois celles-ci se rouvrent et me font mal. Parfois de tristes souvenirs me viennent qui troublent la sérénité que je devrais avoir maintenant que j’ai tout ton amour. Ô mon Michel, il me semble que te les dire me soulagerait. Partager les peines c’est les alléger, c’est les faire oublier. Quand la terre a bu toutes les gouttes de pluies tombées d’un ciel orageux, la nature reprend sa gaieté. Ainsi quand ton cœur aura bu mes larmes et que ton âme en aura goûté l’amertume peut-être ma tristesse s’évanouira-t-elle à jamais, car tu auras compris cette souffrance qui m’accable encore parfois. Et puis tu l’oublieras comme le secret confié au confesseur et moi je ne m’en souviendrai pas plus que le péché avoué et pardonné. Veux tu, Michel, soulager mon cœur et mon âme ? Eh bien ! écoute.

« Un jour, dit Andrée, nous étions en villégiature au bord de l’océan. Tu étais allé pour une affaire importante dans une ville voisine. Ton ami le plus intime, le seul peut-être que tu aies jamais eu, car tu n’as jamais été prodigue de tes amitiés, profita de ton absence pour m’entraîner dans une promenade que je refusais absolument. L’insistance de mes parents me força d’accepter. C’est la seule fois que j’aie regretté d’avoir obéi. Je ne fis rien de mal, mais les intentions de ton ami