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les voies de l’amour

terre comme une haleine de fiévreux. Les oiseaux, dans leur vol bas et rapide, rasaient l’onde ou l’herbe des prés. Le papillon, comme une petite barque qui arrive au port, se posait lentement sur les fleurs. Seule la cigale se réjouissait de cette chaleur suffocante, et chantait sa gaieté. Andrée était triste et la température désolante augmentait son malaise, l’agaçait, l’énervait. Pauvre petite Andrée ! elle était immobile. Ses yeux fixes regardaient dans le vide ou plutôt loin dans le passé.

« Michel, me dit-elle tout à coup, pourquoi cette tristesse de la nature et de mon âme ? Pourquoi le temps est-il triste comme le désespoir ? Pourquoi mon âme est-elle inquiète comme à la veille d’un grand malheur ? J’ai le cœur gros, très gros ; parfois il précipite ses battements d’une manière désordonnée ; parfois il les ralentit comme s’il devait cesser de battre, et je me sens mal comme si la terre se dérobait sous moi. Je voudrais pleurer car il me semble que mes larmes soulageraient la tristesse de mon cœur. Mais je ne puis ; quelque chose m’oppresse que je ne puis exprimer et oppose une digue aux sanglots qui me feraient tant de bien si je pouvais les exhaler. Dans mon âme comme dans la nature, je vois de gros nuages gonflés de peines et de douleurs. Je les vois assombrir encore un ciel que j’aurais voulu toujours pur avec des aurores et des couchants jaune doré, qui se seraient succédé sans interruption comme