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les voies de l’amour

la queue en l’air. Andrée la prenait dans ses bras, la serrait sur sa gorge, flattait son poil soyeux, embrassait son fin museau dont les barbes lui chatouillaient les joues. Elle était allée s’asseoir à l’ombre du gros érable, et redoublant ses caresses à sa chatte, elle lui parlait comme si c’eût été son Michel lui-même. Enfin dans son rêve, elle avait gravi seule les degrés du long escalier et n’en avait éprouvé aucune fatigue. Et puis le rêve s’était évanoui dans un sommeil calme.

« Ce matin-là quand Andrée s’éveilla, la fenêtre était toute grande ouverte, les rideaux écartés, et le soleil, dont les rayons pénétraient en larges faisceaux dorés, avait bu toute l’humidité de la chambre, séché sur l’allège les croûtes de pain que les moineaux s’escrimaient à becqueter, et répandait déjà une chaleur presque accablante. Andrée, dans son grand lit blanc, étirait ses membres, les recroquevillait, les détendait pour en éprouver la souplesse, l’agilité et la force. Tout à coup elle sauta à bas de son lit et d’un bond elle était devant son miroir suspendu au-dessus de la commode. Ses joues étaient roses de l’exercice qu’elle venait de prendre. Ses yeux avaient le bleu d’une mer profonde. Ses cheveux que le soleil rutilait, avaient des tons de l’or le plus foncé à celui des épis de l’orge mûr. Elle passa ses mains dans l’or de ses cheveux qui devinrent, en s’ébouriffant, d’un blond