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les voies de l’amour

teint ; la rose serait pâle près de tes joues ; l’œillet n’a pas l’incarnat de tes lèvres ; la pensée n’a pas le velouté de tes yeux et le muguet n’a pas l’odeur douce et suave de tes cheveux. Mon Andrée, je t’aime parce que tu es la plus belle des fleurs, la reine de nos jardins.

« La terre du jardin était essorée ; la chaleur en avait bu toute l’humidité. Les allées étaient ratissées et couvertes de beau sable blanc qui brillait comme de la poudre de diamant. Je ne voyais plus aucun inconvénient à réaliser le souhait d’Andrée, à la descendre dans le jardin et à lui en laisser goûter les charmes. Pour lui éviter tout effort, toute fatigue, je la pris dans mes bras et je l’emportai comme la mère fait de son tout jeune enfant. Elle était toute petite, toute délicate. J’aurais été moins robuste qu’elle aurait paru aussi légère à mes bras. Craignit-elle que je l’échappasse en descendant l’escalier ? elle enroula ses bras autour de mon cou à m’étouffer presque, et ses bras avaient la douceur de ceux d’un enfant. Était-ce la peur encore qui agitait son petit cœur dont je sentais les mouvements désordonnés contre ma poitrine comme s’il eût été bien gros. Un autre sentiment que la peur faisait battre le mien qui aurait voulu se mettre en synchronisme avec le sien. Dans le jardin, je la déposai dans une chaise roulante que je promenai à travers toutes les allées. Coupant les plus belles fleurs, j’en emplissais à plein bord la corbeille