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les voies de l’amour

faisait circuler dans tous ses membres. Et tout le jour, dans sa chaise longue sur la galerie, elle demandait et recevait avec bénéfice la chaleur douce qui émanait de ce soleil de mai qu’aucun nuage n’obscurcissait ; et le soir, elle aimait encore contempler le ciel bleuté tout pointillé d’argent qui lui rappelait les beaux soirs où sous les charmilles, près de son Michel, elle lui chantait son grand amour dans des romances passionnées. C’était ainsi que la vie se ravivait en elle. Dans l’aurore, dans la course du soleil, dans le crépuscule, dans la nuit étoilée, elle retrouvait la vie et l’amour qui n’aurait jamais plus de déclin, plus de soir : c’était un amour immortel, éternel.

« Dans les premiers jours de juin, Andrée, du haut de la galerie, regardait mélancoliquement les fleurs de son jardin que les rayons solaires baisaient amoureusement : « Ô ! mon Michel, me dit-elle, je voudrais moi aussi baiser ces fleurs, les tenir dans mes mains, les approcher de mes joues, emprunter leurs couleurs et leur fraîcheur. Peut-être me prêteraient-elles leur beauté et leur parfum ? Il me semble que tu m’aimerais mieux après, car je serais plus belle, plus vivante. Michel, mon Michel, je veux baiser ces fleurs, je veux être belle ». — « Oh ! non, mon Andrée, lui répondis-je, tu ne serais pas plus belle. Tu es déjà plus belle que la plus belle des fleurs de ton jardin. La blancheur du lis n’a pas l’éclat de ton