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les voies de l’amour

m’en coûtait trop de partir. Je m’approchai de nouveau de mon Andrée. Je lui mis mes index sur les paupières pour les abaisser et y déposer deux baisers en disant comme à l’enfant dans le berceau : « ferme tes beaux yeux et fais dodo. Oui, ferme tes beaux yeux, car je suis jaloux de la lumière qui y pénètre sans réfléchir mon image. Ferme tes beaux yeux, car je suis jaloux des fleurs que tu regardes avec tant d’amour. Ferme tes beaux yeux et dors, car je suis jaloux de ceux que tu vois quand je ne suis pas là. Ferme tes beaux yeux et dors, car je suis jaloux des regards que tu diriges vers le ciel à travers la croisée. Ferme tes beaux yeux et dors, mon Andrée, car je suis jaloux des oiseaux dont tu admires le plumage et le chant. Dors, mon Andrée, car je suis jaloux du parfum des fleurs que tu respires avec tant de volupté. Oh ! ferme tes beaux yeux et dors ; que ton sommeil se prolonge jusqu’à mon retour et je serai tranquille. Que ton sommeil soit rempli de rêves où tu ne verras que ton Michel, et je partirai en paix. »

« Je me retirai. Andrée s’endormit-elle comme l’enfant à qui l’on a promis des jouets pour son réveil, ou pensa-t-elle longtemps au bonheur qui lui arrivait comme une promesse de résurrection ? Tous les jours, deux fois, trois fois, je visitais ma pauvre petite malade dont les plaies du cœur se fermaient sans laisser de cicatrices et la santé s’améliorait rapidement. C’était vraiment