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les voies de l’amour

ger, mais je lui mettais mon doigt sur les lèvres pour les tenir closes. Elle saisissait ma main, y collait ses lèvres pour me montrer qu’elle m’obéissait. Mais ses grands yeux continuaient de m’interroger. Enfin ces mots lui échappèrent : « Oh ! mon Michel, dis-moi que je vivrai encore longtemps pour t’aimer longtemps ». Pauvre petite Andrée ! Elle était bien faible ; mais elle aimait tant que l’amour raviverait ses forces et que la vie lui sourirait encore. Je lui promis de revenir souvent et je lui laissai l’espérance qu’à chaque visite je lui injecterais une dose plus forte d’énergie et de santé.

« Quand j’allais quitter Andrée, elle ne souriait plus. Ses grands yeux avaient perdu cet éclat trop brillant qu’on trouve chez les fébricitants. Ils étaient devenus doux, chatoyants. On y lisait les pensées remplies d’espoir que la présence de son Michel faisait naître. Pauvre petite Andrée, elle ressemblait à la fleur fanée dont la tige s’est courbée sous l’effet d’une sécheresse trop grande, qui se redresse après une ondée bienfaisante, ouvre sa corolle et déploie ses pétales au soleil qui lui redonne la vie dans une caresse amoureuse. Je m’agenouillai de nouveau près de son lit et je déposai de bons baisers sur ses petites mains qu’elle m’offrait. Je fermai les rideaux devant la fenêtre ouverte et les rayons du soleil, se jouant à travers les mailles de la dentelle, emplissaient la chambre d’une lumière si douce et si caressante qu’il