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les voies de l’amour

ment ils voulaient rendre au fils un peu des remerciements dus au père. Ni égoïste, ni avare, mon père se plaisait à distribuer aux miséreux une large part de ses immenses revenus. Je ne l’avais jamais vu serrer les cordons de sa bourse devant quiconque lui tendait une main suppliante. Les indigents le trouvaient toujours affable parce qu’il leur distribuait délicatement autant de bons conseils que de pièces de monnaie. Les veuves et les orphelins venaient à lui comme au père qui comprend leur besoin et leur situation ; ils s’en retournaient contents et heureux. Les jeunes mères étaient orgueilleuses de lui offrir les honneurs du parrainage dont il se glorifiait parce qu’il y trouvait l’occasion de faire le bien sans y paraître. Ma mère, aussi charitable que lui, l’aidait dans ses bonnes œuvres. Souvent dans mon jeune âge, j’avais été témoin de la charité sans bornes de mes parents. Souvent je les avais accompagnés dans leurs visites aux malades ou aux pauvres. Je les ai toujours entendus prodiguer les consolations aux premiers et vu apaiser la faim des derniers. Souvent je requérais les services de ma petite compagne Andrée pour m’aider à porter le panier trop plein de victuailles que mes parents allaient distribuer. Après la mort de mon père, ma mère continua de faire le bien en souvenir du cher disparu qui lui avait légué son grand cœur comme surplus d’héritage.