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les voies de l’amour

tends la mort avec impatience. Je l’appelais à grands cris, mais depuis que j’ai vu la petite Andrée toute blanche dans son grand lit blanc, je demande avec instance à la mort de me prendre et d’épargner la petite victime que je voulais sacrifier sur l’autel de l’amour. Oh ! Michel, m’eût-elle pardonné si elle m’avait reconnu ? » « Oui, Jean, lui répondis-je ; elle m’a pardonné et j’étais plus coupable que toi. Conserve la pièce de monnaie en souvenir du pardon que je t’accorde pour elle, et un jour, lorsque tu lui montreras l’aumône qu’elle te fit de sa main tremblante, elle y verra le signe de ta réhabilitation.

« Nous causâmes longtemps encore pendant la nuit à la table que j’avais fait préparer. Le lendemain je donnais des habits à Jean et je le conduisais à Montréal dans une maison de santé. Quelques jours plus tard je quittais le village où je pratiquais depuis cinq ans et j’allais m’établir dans la maison paternelle, dans mon village natal, tout près de ma chère Andrée que j’espérais ramener à la santé. Mon père était mort depuis plus d’une année et ma mère vivait encore dans la maison qu’elle avait rebâtie, car l’ancienne avait été en partie détruite par le feu.

« Tous les villageois étaient heureux de mon retour parmi eux. Ils avaient conservé un si bon souvenir de mon père qui les avait vraiment aimés, que probable-