CHAPITRE XI
DOUBLE RÉSURRECTION
« Jean Roy, continua Michel Toinon, il y a une réhabilitation possible pour toi comme pour moi. J’avais péché, j’avais été parjure à l’amour, je me suis jeté aux genoux de celle que j’avais offensée. Elle m’a relevé, elle m’a pressé sur son cœur ; elle me pardonnait, m’absolvait et m’imposait pour toute pénitence de l’aimer mieux, avec plus d’ardeur. Lui était-il nécessaire de m’imposer cette pénitence ? Oh ! non ; en la retrouvant j’avais le ferme propos de lui redonner plus d’amour qu’elle n’en eût jamais espéré. N’avais-je pas à expier cet abandon de plusieurs années ? N’avais-je pas à effacer les traces de ces larmes qui avaient brûlé ses yeux, en avaient terni l’éclat et creusé des sillons dans ses joues amaigries ? Son désespoir de tous les jours pendant de longues années, les cauchemars de ses nuits interminables ne criaient-ils pas vengeance contre moi qui avais méprisé l’amour le plus ardent et le plus fidèle ? Et sa vie qui s’éteignait, faute d’un cœur aimant qui rallumât le flambeau, pouvait-elle pardonner même au pécheur repenti ? Pauvre Andrée, elle a tout oublié en souvenir de l’amour que je lui avais voué autrefois et dans l’espoir