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les voies de l’amour

J’étais taciturne et peu enclin à me livrer de nouveau aux transports de l’amour avec ma petite amie de la pension. Je me gardai bien aussi de dire à mon ami les dernières paroles que sa petite villageoise m’avait chargé de lui communiquer. L’hypocrisie et la méchanceté me travaillaient plus que jamais. Je voulais me venger sur mon ami du dernier affront. Quand la jeune fille de la pension que j’avais feint d’aimer à la folie revenait dans ma chambre, je simulais la colère et je lui reprochais amèrement de m’avoir oublié pour les beaux yeux de mon ami qu’elle paraissait aimer plus que moi. Je voulais désormais me débarrasser d’elle, la plaquer là en la jetant dans les bras de mon ami dont je lui vantais les qualités. Je lui disais que mon ami m’avait confié secrètement son amour pour elle et jusqu’à quel point il la préférait à sa sœur. Elle me crut et ce fut alors une lutte acharnée entre les deux sœurs de la pension pour l’amour de mon ami qui ne savait plus où donner de la tête. Il faillit en manquer ses examens de doctorat.

« Voilà, Michel Toinon, jusqu’où je poussai ma vengeance. Maintenant veux-tu connaître, pardon, voulez-vous connaître quels sont les personnages de cette tragédie ? N’en avez-vous pas deviné les noms ? La petite villageoise, c’était Andrée, ton amie d’enfance qui n’a jamais cessé de t’aimer, pardon, encore une fois, de vous aimer. Ah ! que je me sens indigne de vous