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les voies de l’amour

coup de couteau, Brosseau enlève le néoplasme ; enfin il passe sur la surface cruentée, la pointe d’un thermocautère chauffé à blanc. « Pouah ! s’écrie le bonhomme, ça sent la viande grillée ». C’est en racontant une prouesse de sa jeunesse que cet homme d’un autre temps a vu et supporté cette opération qui nous fit frémir d’horreur.

« Me permettez-vous de rappeler le souvenir de Brosseau ?

« Vous le savez, Brosseau était le grand chirurgien de son temps au Canada. Il était de même le type du clinicien accompli. Sa parole était facile ; il la maniait comme il voulait. Son débit était lent ou rapide à volonté. Ses phrases, sans littérature et sans images, étaient nettes et scandées ; il savait appuyer fortement sur les points essentiels. Je le vois encore, les jours de cliniques magistrales, debout et tenant son grand cahier de notes appuyé sur le bord de la balustrade de l’amphithéâtre. Avec quel brio il nous donne les causes et les symptômes de la maladie ! Avec quel entrain il nous décrit le manuel opératoire ! Le geste est sobre et rare. Brosseau tient ses deux mains constamment attachées à son cahier qu’il regarde rarement ou à peine. La mimique est dans ses yeux, sa bouche, le mouvement de sa tête et de son torse qu’il penche ou relève selon qu’il veut appuyer ou passer rapidement sur certains points. Brosseau savait communiquer sa science et ses idées