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et les crocs d’un vrai chien de garde hargneux. Ce cerbère n’était autre que la servante, le valentin, le bouffon, le pâtira de la maison. Cette servante était aussi fidèle et obéissante à ses maîtresses que laide et bête. On pouvait se moquer d’elle, elle était la première à en rire, mais elle ne badinait pas sur la consigne. C’était la seule chose qu’elle comprît bien avec l’escamotage des lettres. Elle aurait vendu son âme, son cœur et son corps au diable, même à tout autre, mais jamais elle ne nous aurait trahis sur la défense que nous lui avions faite de jamais souffler mot à mon ami du vol de ses lettres ou de l’interdiction formelle à l’entrée de sa petite amie, la campagnarde. Elle donnait toujours pour raison, quand celle-ci se présentait, ou que le jeune homme était absent, ou qu’il était trop malade pour recevoir personne, par ordre du médecin. Ce n’est qu’exceptionnellement que la campagnarde put déjouer la consigne quand le cerbère n’y était pas.

« De connivence avec les jeunes filles de la pension et le vilain cerbère, je jouais double jeu. J’encourageais les amours de mon ami avec l’aînée et je cherchais à m’attirer les bonnes grâces de la villageoise en lui montrant beaucoup de pitié, beaucoup d’attachement, sous prétexte que je voulais la rapprocher davantage de celui qui la délaissait pour une personne indigne. J’étais certain que, par l’échange fréquent de nos correspondan-