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les voies de l’amour

vre jeune fille parce qu’elle n’a pas voulu s’abaisser au niveau d’une âme dépravée, déchirer le cœur de cette jeunesse qui n’a pas voulu s’associer à des amours coupables, n’était-ce pas l’œuvre d’un criminel, d’un assassin ? Se jouer d’une amitié franche, n’était-ce pas là la dernière des bassesses ? Simuler l’amour envers une jeune fille pour en jeter une autre en pâture à la débauche, n’était-ce pas là la plus grande des ignominies ?

« Oui, la colère faisait bouillonner mon sang en face de ce monstre. Mes pieds, mes jambes et tout mon corps se ramassèrent comme un ressort à la veille de se détendre pour écraser ce démon. Mes mains se crispèrent sur les bras de mon fauteuil comme s’ils eussent été le cou que je voulais étrangler. Mes dents grinçaient entre mes mâchoires contractées comme un étau. Mes yeux fixes devaient lancer des éclairs foudroyants. Le triste fou s’aperçut de mes mouvements involontaires, mais il resta calme, se contentant de répéter : « ne m’interrompez pas ; écoutez-moi jusqu’au bout ; je vous dirai tout. Si vous m’interrompez, je pourrais être comme le pénitent dans le confessionnal, qui se trouble et perd la mémoire des fautes qu’il devait avouer parce que le confesseur l’interrompt pour lui poser des questions. »

« Je me calmai moi-même devant tant d’impassibilité. Cependant je croyais me reconnaître dans cet ami que le fou avait trompé ; je croyais reconnaître ma