Page:Cotret - Les voies de l'Amour, 1931.djvu/218

Cette page a été validée par deux contributeurs.
216
les voies de l’amour

cette frasque que je regrettais du plus profond de mon cœur. Le mal était fait et je m’étais aliéné pour toujours l’amitié de la plus belle jeune fille, du cœur le plus innocent.

« J’étais seul désormais pour le reste de mes vacances. En effet le même soir et les jours suivants j’évitai tout rapport avec mon compagnon et sa jeune amie. Je prétextai, pour m’éloigner d’eux, la rencontre fortuite de quelques amis que je n’avais pas vus depuis plusieurs années et qui tenaient à tout prix que je passasse avec eux les derniers jours de ma promenade. Mais, hélas ! in petto, j’avais juré vengeance à cette jeune pudique et je me promettais qu’un jour elle m’appartiendrait corps et âme. À mon retour à Montréal, je lui écrivis une longue lettre toute d’excuses et de demandes de pardon. Ma lettre resta sans réponse ; mais je me disais ; le temps apaisera la colère, effacera l’insulte ou au moins en atténuera l’énormité. Malheureusement ma lettre fut déchirée ou brûlée sans être montrée à mon compagnon dont je conservais encore l’amitié franche. En eût-il été autrement, la lettre eût-elle été lue par ce dernier, notre vie à tous trois eût été complètement changée pour le mieux, et je ne serais pas l’abruti, le dégénéré qui n’inspire plus que le dégoût, pas même la pitié ; mon compagnon eût été heureux dans le paradis que lui aurait créé sa petite amie devenue son épouse.