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les voies de l’amour

qui devait faire mon malheur, bouleverser toute ma vie, et faire de moi le déchet que vous voyez devant vous. J’avais été invité par mon condisciple à venir passer quelques semaines avec lui au bord de la mer, où il devait se rendre avec ses parents et sa jeune amie accompagnée de son père et de sa mère. Le début de nos vacances fut très heureux. Nous étions, la jeune fille, mon ami et moi, trois véritables compagnons sans distinction de sexe. Toujours ensemble, le jour nous parcourions la plage un peu comme font les enfants, nous amusant à ramasser des coquilles, à nous ensevelir tour à tour sous des amas de sable, à folâtrer dans les vagues ; le soir, nous faisions de longues marches dans les campagnes environnantes, ou nous allions danser dans les différents hôtels, ou nous restions sur la véranda de l’hôtel à causer du collège et à deviser de l’avenir. Notre petite amie commune, que j’avais tant remarquée au parloir avec mon condisciple, ne semblait pas avoir de préférence pour l’un ou l’autre de nous. Avait-elle secrètement de l’amour pour mon ami et de l’amitié seulement pour moi, c’eût été assez difficile de le dire par son maintien et son langage. Dans nos marches, elle se plaçait entre nous deux et se suspendait également à nos bras ; à la danse, elle nous réservait à tour de rôle ses faveurs et quand nous nous reposions sur la véranda ou sur le sable de la plage, elle se plaçait toujours entre nous deux. Elle était