Page:Cotret - Les voies de l'Amour, 1931.djvu/211

Cette page a été validée par deux contributeurs.
209
les voies de l’amour

atténuaient l’ardeur des rayons du soleil trop brillants pour ses yeux affaiblis. Sa tête, aux traits amaigris et pâles, reposait tristement sur une pile d’oreillers. Ses mains décharnées, plus blanches que le drap où elles étaient, remuaient à peine. Tour à tour, elle regardait, sur la console au pied de son lit, le bouquet que je lui avais envoyé et celui qu’elle avait fait composer à mon intention. Les deux étaient composés de tubéreuses, de coquelicots, de cyclamens rouges, de dahlias jaunes, de fuchsias rouges, de giroflées feu, de jacinthes, fleurs qui disaient respectivement : mon cœur vous désire ; aimons-nous au plus tôt ; votre amour fait mon bonheur ; mon cœur déborde de joie ; je vous aime de tout mon cœur ; je vous aime de plus en plus ; mon amour vous rendra heureuse. Dans son bouquet, Andrée avait fait ajouter des primevères pour me dire qu’elle n’avait jamais aimé d’autre que moi. Je me rappelais le bonheur qu’elle avait éprouvé en me voyant et la tristesse que j’avais ressentie à la vue de cette petite fleur fanée dans ce grand lit blanc.

« Et le fou, élevant la voix, me ramenait dans mon bureau à ma tristesse et à ses élucubrations.

« Au collège, me disait-il, j’avais un condisciple avec qui je luttais sans jalousie pour la première place en classe. Toujours adversaires aux jeux, nous luttions encore pour triompher l’un de l’autre, et c’était avec