Page:Cotret - Les voies de l'Amour, 1931.djvu/205

Cette page a été validée par deux contributeurs.
203
les voies de l’amour

assiduités chez moi. Monsieur, veuillez vous retirer, vous m’êtes un objet de dégoût ».

« Était-ce le dépit ou l’orgueil qui la faisaient parler ainsi ? Il était assez difficile d’en juger. Elle aurait voulu rester calme ou au moins le paraître, mais le son de sa voix indiquait parfois que l’orgueil prenait le dessus ; ses joues s’empourpraient, ses yeux lançaient des éclairs capables de paralyser un plus timide que moi. J’étais dans le tort, c’est vrai, mais j’étais content et fier que le monologue se terminât ainsi. Eût-elle eu moins d’orgueil, eût-elle persisté dans les sentiments d’amour qu’elle m’avait toujours manifestés, je ne sais comment je me serais tiré d’embarras. Je n’avais pas dit un mot ; je n’en avais pas eu le loisir, ni le temps. Comme l’enfant honteux qui pétrit sa casquette entre ses mains nerveuses, j’étais resté debout à la porte du salon, le chapeau à la main, écoutant la diatribe que mademoiselle débitait avec volubilité. À la dernière phrase elle tendait le bras, raidissait l’index et m’indiquait la porte avec plus d’orgueil et de colère que de majesté. En passant devant le bow-window, je la vis s’affaisser dans un fauteuil, la tête entre ses mains. Je m’arrêtai, et aux mouvements saccadés de ses épaules, je crus qu’elle sanglotait. Elle était secouée de spasmes qui ressemblaient à des déchirements du cœur. J’en fus attristé pendant un instant. Oh ! j’en ressentis une si vive douleur que je fus sur le