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les voies de l’amour

consolation et le plus petit espoir à sa petite amie si chérie.


« Un jour, ma mère vit Andrée traverser le jardin. Elle marchait péniblement, soutenue par la bonne. Ma mère descendit le grand perron et alla au-devant d’elle. Elles rentrèrent toutes trois dans le salon et Andrée s’affaissa dans un fauteuil, prête à défaillir. Elle ne pleurait plus, elle n’en avait pas la force. Après quelques instants de repos et d’hésitation, elle s’adressa, d’une voix faible et essoufflée, à ma mère qu’elle aimait autant que sa propre mère.

« Mère, dit-elle, je viens vous dire adieu. J’ai perdu deux fois tout espoir. J’aimais votre fils Michel de l’amour le plus sincère. Je lui avais juré que je n’appartiendrais jamais à un autre que lui et lui m’avait fait le même serment. Deux fois il a renié son amour et il a rejeté le mien. Une première fois, malgré son parjure et son infidélité, j’espérais encore et je n’ai jamais cessé de l’aimer et de penser à lui. Il est ma vie et sans lui plus de vie pour moi. Quand j’ai appris ses fiançailles, ma dernière espérance s’évanouissait et je voulus consacrer le reste de mes jours au service de mon Dieu, refuge des abandonnés. Je demandai mon entrée dans une communauté religieuse où j’espérais trouver la paix de mon cœur. Mais Dieu me refusa cette grâce parce que mes intentions