Page:Cotret - Les voies de l'Amour, 1931.djvu/195

Cette page a été validée par deux contributeurs.
193
les voies de l’amour

pour aller à l’église se prosterner aux pieds de la Vierge des consolations, ou se rendre chez ma mère pour pleurer avec elle, lui ouvrir son cœur, lui raconter ses peines, son chagrin. Elle dormait peu, refusait presque toute nourriture. Sa santé s’altérait rapidement. Elle était devenue languissante. Quand elle traversait les deux jardins pour se rendre chez ma mère, elle se faisait accompagner par la bonne qui pleurait autant qu’elle de la voir si triste et si faible. Les lettres désolantes de ma mère me touchaient peu cependant. Que m’importaient les chagrins, les peines et la santé chancelante d’une personne que je n’aimais plus ? J’étais devenu si égoïste que mon amour seul importait à mon bonheur. Je ne pensais à rien autre. Quand ma mère me venait visiter et qu’elle implorait un peu de sympathie et de pitié pour sa petite amie, je détournais la conversation aussi adroitement que possible pour ne pas la froisser et je lui chantais mon nouvel amour et les qualités brillantes de ma fiancée. Pendant que je parlais ainsi, ma mère essuyait souvent de grosses larmes qui perlaient à ses paupières. J’avais de la peine de voir pleurer ma mère, mais il m’était impossible de soulager son chagrin par des mots d’espérance, car j’aimais trop ma fiancée pour la tromper même en pensées que mon cœur aurait désapprouvées. Ma mère s’en retournait triste sans emporter la moindre